Pour un Paris plus vert

Stop à la bétonisation de Paris

Longtemps l’exécutif municipal a fait le choix de l’hyperdensification. Depuis 2014, chaque parcelle de foncier disponible a été construite, souvent de façon excessivement dense et dans un urbanisme de grande hauteur privilégiant la minéralité. Les exemples sont légion : place de la République, place Jules Joffrin, Tours Duo, projet de la Tour Triangle, place de la Bastille, projet Bercy-Charenton, projet Austerlitz…

Résultat, en quelques années la capitale a gagné 3 millions de m² construits et la politique du logement annoncée comme une priorité depuis 2014 n’a pas porté ses fruits. Il n’est pas plus facile de se loger dans la capitale en 2023 qu’en 2014 et l’explosion des prix ne permet plus aux familles et aux classes moyennes de lier leur avenir à celui de la capitale. Derrière la communication d’une politique « pro-logement », le nombre de mètres carrés de bureaux a fortement augmenté sous la majorité actuelle, passant de 17,5 millions de m² en 2014 à plus de 21 en 2022.

Dans une ville de plus en plus déséquilibrée, où les écarts de revenus ne cessent de se creuser, où la qualité des commerces de proximité est de plus en plus disparate, le rôle du Maire doit être de retrouver le bon équilibre.

Aujourd’hui, Paris est l’une des villes les plus denses du monde. La stratégie de l’hyperdensification a saturé et minéralisé la ville, surchargé les transports, congestionné l’espace public et quasi épuisé l’ensemble des réserves foncières qui auraient pu être végétalisées. Tel est le bilan de l’exécutif municipal.

Contrainte de satisfaire sa majorité divisée entre écologistes et communistes, la majorité municipale a fait le choix de présenter un nouveau Plan Local d’Urbanisme (PLU) défendant un changement dans la continuité et prônant tout à la fois l’hyperdensification et la végétalisation. Ces ambitions contradictoires font que la mise en œuvre de ce nouveau document, clé et structurant pour la Ville de Paris, ne soit qu’une succession d’occasions manquées.

Pourtant les grands défis que doit relever notre capitale ne manquent pas, notamment celui de l’adaptation de Paris aux conséquences du réchauffement climatique. C’est d’ailleurs ce que démontre l’excellent rapport « Paris à 50 °C » récemment publié par notre collègue et rapporteure de la mission d’évaluation, Maud Lelièvre. La priorité de ce nouveau PLU doit être de rompre avec la logique actuelle qui consiste à transformer des espaces de respiration en immeubles ou d’augmenter la surface de bureaux dans Paris. C’est aussi l’opportunité de faire entrer Paris dans un urbanisme du XXIe siècle, plus écologique, plus esthétique, de hauteur limitée, centré sur la qualité de vie, respectueux de son patrimoine et de son histoire.

Répondre aux enjeux de demain par la mise en œuvre de propositions de rupture nécessite des moyens sans précédent, que ne permet pas l’état actuel des finances de la Ville, et de savoir travailler avec l’ensemble de ses partenaires. Notre belle capitale ne peut espérer seule résoudre le défi du changement climatique ou la crise du logement avec la même stratégie, la même gouvernance ou le même périmètre que celui d’hier. Là où n’importe quelle autre commune serait naturellement amenée à développer avec des partenaires des outils de programmation en matière d’urbanisme, d’écologie et de logement, Paris demeure tenté de conserver une logique de concentration des pouvoirs.

In fine, ce nouveau PLU ne conduira ni à faciliter l’accès au logement à Paris, ni à créer ou préserver les espaces verts et de respiration, ni à une amélioration de l’esthétique urbaine, ni à un saut qualitatif en termes d’isolation thermique du parc public et privé, ni à la lutte contre les nuisances sonores qui minent la vie des habitants de certains quartiers, ni à une nouvelle méthode de gouvernance plus pragmatique et partagée. Des priorités qui semblaient pourtant évidentes.

Il faut un autre état d’esprit pour construire une stratégie d’avenir en matière d’urbanisme et d’écologie pour Paris.